Zwerm est un quartette de guitares hors du commun. Se situant entre musique composée et pop-rock expérimental, ces musiciens ont arpenté pratiquement tous les continents. Au cours des dix dernières années, le quatuor belge a oscillé entre pure noise improvisée, musique anglaise de la Renaissance et compositions classiques contemporaines. Le fil conducteur ne se trouve pas dans une direction stylistique particulière mais dans une curiosité musicale partagée.
Un nouveau projet Zwerm commence toujours par la question : et si… ?
Basé en Belgique et fondé en 2007, Zwerm a collaboré avec de nombreux compositeurs, interprètes et artistes visuels -dont Fred Frith, Rudy Trouvé, Mauro Pawlowski, Larry Polansky, Eric Thielemans, Yannis Kyriakides, François Sarhan, Stefan Prins et Serge Verstockt- et n’a jamais cherché à avoir un profil artistique unilatéral.
Zwerm c’est Toon Callier, Johannes Westendorp, Bruno Nelissen et Kobe van Cauwenberghe.
Great Expectations, disque.
Le parcours de Zwerm est souvent défini par la question “Et si… ?” – comme une fléchette lancée sur une carte musicale, pas tout à fait à l’aveuglette, mais suffisamment naïve pour mener à des fins inattendues. “Et si nous jouions des morceaux de la Renaissance écrits par John Dowland, mais qu’au lieu de jouer du luth, nous jouions ces airs avec une Telecaster – et que nous la brouillions ensuite à travers des pédales d’effet et un amplificateur ?”. “Et si on connectait cent pédales de guitare et qu’on laissait nos guitares à la maison ?”. En 2020, notre fléchette métaphorique a atterri sur “Et si nous essayions la micro-tonalité ?”.
Sur les continents où la théorie musicale occidentale est appliquée de manière moins stricte, la micro-tonalité est la règle, et est devenue le sujet de nombreuses théories profondes et réfléchies. Cependant, pour Zwerm, ce phénomène se présente sous de nombreuses formes, souvent étonnamment légères. Un piano délabré qui s’est installé de lui-même dans un bel accord micro-tonal, un chant choral enthousiaste, une guitare dont les trois cordes sont accordées un quart de ton plus haut, un saz (luth turc à quart de ton), une pédale de guitare exaspérante, …
“Et… et si on travaillait avec un batteur ?” C’est alors qu’entre en scène Karen Willems, extraordinaire et ardente batteuse. En coulisses, le producteur Rudy Trouvé tient les rênes. Mark Dedecker à l’enregistrement et Joris Calluwaerts au mixage complètent l’équipe.
Le résultat s’intitule ” Great Expectations “, nouvel album paru au printemps 2021. Les rockers les plus directs sont teintés de progressif, tandis que les chansons rêveuses et psychédéliques se rapprochent davantage de Richard Youngs. “ Heavy Machinery ” se situe quelque part entre Captain Beefheart et Richard Wagner, et ” On My Way To Aguno “, sur une progression d’accords d’une chanson folklorique iranienne, se transforme en une berceuse hyper personnelle. Zwerm utilise le saz (luth turc) et le sinter (instrument basse gnawa marocain) sans tomber dans le psychédélisme pastiche, tout en exhalant les parfums de l’Orient.
Our Ears Felt Like Canyons, concert immersif
Zwerm prépare une deuxième édition de “Our Ears Felt Like Canyons”, ensemble d’œuvres écrites pour un environnement d’écoute spécifique. Alors que la première édition traduisait littéralement le concept d'”écoute acousmatique” de Pierre Schaeffer en “cachant” les musiciens derrière un rideau, cette deuxième édition déplacera la “coupe” acousmatique en se concentrant sur la présence physique, presque palpable, du son dans la pièce. Seismic Wave Ochestra de Shiva Feshareki, qui utilise une configuration ambisonique, est une composition hautement sensorielle jouée et vécue par le biais d’une écoute profonde et d’un processus physique, se connectant intrinsèquement à tous nos sens, à nos perceptions et à la manière dont ils sont interconnectés avec notre expérience de l’environnement et au-delà.
En revanche, la nouvelle pièce de Stephen O’Malley, Avaeken, présente des phénomènes de battement d’harmoniques précis dans l’espace de la pièce, permettant au rythme et à la structure de se déplacer dans l’espace, excitant l’air et les corps présents de manière physique, tournant et bougeant, avec un contrôle calme et contemplatif et une énergie vitale.
Our Ears Felt Like Canyons I – Transit Festival 2017
Bien que différentes dans leur diffusion sonore, les deux compositions relient l’expérience d’écoute au sens du toucher. Rehaussée par une mise en scène adaptée qui passe soigneusement de la lumière à l’obscurité, Our Ears Felt Like Canyons II explore différents modes d’écoute en utilisant l’espace physique comme une extension du corps humain.
Présentation Sandrine Maricot Despretz
Prochaines dates
– 12/2, De Singel, Antwerpen
– 19/03, Klara Festival, Bozar
– 30/04, Festival Aarhus