Suzanne Vega
Einstein, c’est un peu comme un mantra

Interviews 04.03.2021

La célèbre chanteuse de folk new-yorkaise Suzanne Vega a été invitée en 2018 par l’Ensemble Ictus à assurer tous les récitatifs sur leur version d’Einstein on the Beach de Philip Glass. Nous revenons avec elle sur cette heureuse rencontre artistique.

Comment avez-vous rencontré L’Ensemble Ictus ? Comment est né le projet Einstein on the Beach ?

Ils m’ont contactée, sachant que j’avais travaillé avec Philip Glass à de nombreuses reprises. Je lui avais envoyé des paroles. En retour, il m’a fourni un arrangement pour cordes. Plus tard, il m’a écrit une chanson que je devais interpréter à la fin d’un film sur lequel il avait travaillé. Nous avons ensuite joué ensemble plusieurs fois au cours de ces 35 dernières années. 

Connaissez-vous la musique contemporaine en général ? Est-ce un monde qui vous attire ? Est-ce que vous en écoutez ? Si oui, pouvez-vous nous donner quelques exemples ?

En tant que danseuse dans les années 70, je connaissais bien la musique classique. Steve Reich était alors très populaire. Mes chorégraphes préférés utilisaient Poulenc et Bela Bartok. 

Je vous ai vue en concert à Strasbourg en septembre dernier. Votre interprétation d’Einstein on the Beach m’a profondément touchée. Votre voix semblait naturellement fluide et parfaitement à sa place dans cette œuvre. Vous connaissez donc l’œuvre de Philip Glass…  Que pensez-vous de la musique minimaliste en général ?

Elle me plaît beaucoup. J’ai commencé à travailler avec Philip Glass dans les années 80, au début de ma carrière avec Songs From Liquid Days. J’aime beaucoup sa musique. Parmi ses œuvres, ma préférée est Mishima. J’aime aussi beaucoup la musique de Steve Reich et Nico Muhly. 

Vous êtes clairement reconnue dans le monde de la musique folk et pop, dans lequel vous avez enregistré des albums essentiels. Pensez-vous qu’aujourd’hui, les passerelles comme celles que vous avez créées avec l’Ensemble Ictus pourraient se généraliser, ou restent-elles marginales ?

Je crois que cela reste exceptionnel. Par exemple, les rôles des différents narrateurs et narratrices seraient très difficiles pour beaucoup d’artistes pop. En réalité, les scènes jouées ne sont pas du tout narratives ! Elles sont plutôt circulaires et répétitives, un peu comme des mantras ou des chants, et en tant que bouddhiste, je suis très à l’aise avec cette approche. 

Qu’avez vous écouté et qu’avez vous aimez spécifiquement ces derniers mois, pendant cette période de confinement : de la musique contemporaine et/ou d’autres styles ?

Ces derniers temps, j’ai surtout écouté la radio et de la musique classique ou du jazz. Mais mon meilleur ami travaille au Metropolitan Opera où il se charge des sous-titres. J’ai ainsi pu voir : Marni de Nico Muhly, que j’ai adoré!

Wozzeck d’Alban Berg, une production à la fois magnifique et dérangeante…

Ahknaten de Philip Glass, à l’automne dernier.

When David Heard d’Eric Whitacre. 

La dernière chose que j’ai entendue à la radio qui ait capté mon attention était Hydrogen Jukebox with Allen Ginsberg, Part One Song #4 To P.O. de Philip Glass.

Propos recueillis par Guillaume Kosmicki

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