Dreieck Interférences
Hors des sentiers battus

Interviews 04.03.2021

Dreieck Interférences, un collectif pas comme les autres.

Stéphane Clor est compositeur, contrebassiste et directeur artistique d’un collectif qui rassemble des ensembles venus de tous les horizons esthétiques, qui ont un seul point commun : jouer les musiques fraichement composées ou composées en direct. Dreieck Interférences est né il y a un an.

Ensemble, collectif, plateforme ? Comment définir Dreick Interférences ?

C’est une coopérative de pensées sonores, un collectif bien plus qu’un ensemble. Nous n’avons pas d’effectif fixe, mais nous sommes vraiment une plateforme de rencontres, d’échanges entre ensembles de la région pour monter différents projets.  On regroupe des musiciens qui viennent de la musique écrite contemporaine, de l’improvisation, des musiques électroniques, du jazz… Pas mal de musiciens du collectif sont passés par les mêmes études, au conservatoire de Strasbourg notamment. Avec Dreieck, nous pensons en termes de réseau : des musiciens issus d’univers musicaux très différents peuvent se rencontrer. Se rassembler uniquement par affinités esthétiques rend la terre stérile. Nous devons être vigilants : souvent, les collectifs dessinent des enclos autour d’eux. Notre société appelle à la promotion marketing. Or, le marketing simplifie, demande des produits clairement définis. Mais la création est tout sauf un produit identifié ! Aussi, le but de Dreieck interférences n’est pas de défendre un type de musique, mais plutôt une attitude face à la musique. On défend les musiques de création, des musiques vivantes, en mouvement. On ne cherche pas des étiquettes, mais le croisement des esthétiques.

Vous êtes l’un des petits derniers dans le paysage des ensembles et collectifs strasbourgeois. Comment trouve-t-on sa place ?

Dreieck Interférences n’est pas un collectif isolé, on est une ligue de plusieurs ensembles ! On joue des musiques noise et traditionnelles avec un ensemble comme Kreis/collectif continu, rock, punk, brutistes, du jazz contemporain, de l’improvisation avec l’ensemble Pils, le collectif mulhousien ödl… Dreieck fait un point de jonction entre ces différentes structures. On participe pour beaucoup à la dynamique de la musique en Alsace, mais travaille aussi avec des musiciens qui viennent de Metz, Nancy, de Belgique…

Et pendant le confinement, vous avez demandé à toutes les forces musicales de Dreieck de créer des compilations, qui sont disponibles sur votre site, Bandcamp et Facebook. Une belle manière de découvrir des répertoires et des sonorités nouvelles…

Quelques 80 musiciens ont participé aux sept compilations pour un total de 140 pièces originales que nous avons partagé. Ce sont exclusivement des créations entre musiciens qui ont échangé uniquement via Internet. Il y a aussi bien de la musique écrite que de l’impro…  

Cette idée est partie d’un appel des musiciens du collectif, élargi à d’autres musiciens de la région qui défendent les musiques créatives et expérimentales : l’idée était simplement de créer, pendant le confinement, une compilation hebdomadaire qui avait à chaque fois un thème différents. Le premier thème était « demain ». Ensuite il y a eu « dedans, dehors », puis « Combattre », « Mutation »…

Stéphane Clor a enregistré en décembre dernier à Strasbourg son nouveau solo Processions qui sortira au printemps 2021 :

Hémisphère Son vous a passé commande d’une œuvre, à vous et à l’ensemble Hanatsu Miroir. Quelles sont vos premières idées ?

Nous sommes évidemment ravis, d’autant que c’est une commande qui nous offre un luxe inouï en ces temps de crise : le temps. Le temps de réfléchir, d’essayer, de créer. La création est prévue pour 2022, à Strasbourg bien sûr. Une compositrice nous a rejoint Elsa Biston que nous associerons avec Samir Amarouch. Ce seront des pièces à mi-chemin entre la musique écrite et l’improvisation, tantôt amplifiées, tantôt non, pour flûtes traversières – avec notamment la flûte contrebasse, instrument de prédilection d’Ayako Okubo de l’ensemble Hanatsu Miroir -percussions et électronique. En ce qui me concerne je joue de la contrebasse et d’un violoncelle piccolo à cinq cordes : un instrument hybride de mon cru ! J’ai transformé un violoncelle d’enfant en m’inspirant de la tradition baroque… Nous commençons le travail tous ensemble en mars. Mais nous avons déjà plein d’idées… et beaucoup d’envies !

Vous pouvez écouter le nouvel album Latitudes : ” un des très beaux enregistrements de ce début d’année, c’est “Latitudes” du quartet Nuit, enregistré à Mulhouse en décembre … Un travail collectif pour une musique nocturne, trouble et dense, aux textures profondes et intenses.” Mathieu Schoenahl, Festival Meteo Mulhouse.

Et sur France Musique, Jusqu’au bout de l’impro – Festival Meteo de Mulhouse :

Propos recueillis par Suzanne Gervais

Playlist de Stéphane Clor

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