La couleur du son Playmodes

Eclairages 02.12.2021

Depuis quelques années, dans le monde de la création contemporaine, on constate un intérêt croissant pour la création audiovisuelle la plus avant-gardiste qui fusionne les arts pour créer de nouveaux organismes.

L’œil. La pupille dilatée. Couleur et son. Musique et perception. Un cri vert. Un hurlement bleu. Création et art. Nous parlons d’hybridité. Telle est la proposition de PLAYMODES, un studio de recherche audiovisuelle où les matières premières du son et de l’image sont explorées, pressées et tordues pour donner naissance à un nouvel organisme : la musique visuelle.

C’est ainsi que Santi Vilanova, l’un des membres de PLAYMODES, nous l’explique : “Nous unifions le langage visuel et sonore. Nous poursuivons un langage abstrait basé sur la couleur et le son”. Pour notre équipe composée de quatre personnes, l’hybridité est consubstantielle au projet PLAYMODES, un état naturel : “Nous avons nous-mêmes des profils hybrides. L’un est ingénieur en informatique (Eloi Maduell), l’autre en télécommunications (Eduard Frigola), le troisième est architecte (Eduard Llorens) et moi je suis graphiste”. Cependant, ils partagent tous une passion pour la musique, le son, l’art, les visuels, les logiciels, l’abstraction, les technologies, la perception et les algorithmes. “Nous sommes intéressés par la recherche technologique et scientifique, l’expression artistique”.

VEUS – Live performance @ Premis Ciutat de Barcelona 2020 from Playmodes Studio on Vimeo.

Bien que la proposition de PLAYMODES s’inscrive dans un certain esprit d’avant-garde, Santi Vilanova prévient humblement : “Nous n’avons rien inventé. Nous nous inscrivons dans un courant historique de la musique visuelle qui a déjà commencé avec les orgues à couleurs des XVIIIe et XIXe siècles, ou avec les premières manifestations du cinéma visuel. Je pense à Oscar Fischinger, Norman McLaren, des artistes qui ont compris que la peinture peut avoir une dimension cinétique. Nous sommes les héritiers de tous ces éléments. Kandinsky lui-même imaginait ses peintures comme des symphonies picturales.  

Lorsque Santi évalue les débuts du projet en 2008, il se souvient du pari risqué qu’a été la création de PLAYMODES, car, à cette époque, la scène de la musique visuelle était minoritaire et ne suscitait pas l’intérêt croissant qu’elle connaît aujourd’hui. “Le langage de la musique visuelle n’était pas très mature dans notre ville (Barcelone)”, dit-il. C’est pourquoi Santi Vilanova se félicite des efforts de MIRA FESTIVAL, qui s’engage à rendre visibles les propositions d’avant-garde, à faire connaître les formats audiovisuels non conventionnels. Avec deux éditions déjà organisées à Berlin, le MIRA FESTIVAL se tient chaque année à Barcelone depuis 2011 et se concentre sur l’intersection entre l’art et la culture numérique. Son directeur, Oriol Pastor, coordonne également le diplôme en arts numériques de l’URL SALLE.

Cluster @ MIRA Festival. Barcelona 2016 from Playmodes Studio on Vimeo.

À tous ces efforts pour faire connaître la création audiovisuelle la plus avant-gardiste s’ajoute l’émergence de nouvelles générations de jeunes qui conçoivent la numérisation et l’hybridation dans les arts comme une évidence. “Pour les jeunes, un outil numérique n’est pas différent d’un crayon de couleur”. Et Santi Vilanova d’ajouter sans réserve : “Les technologies numériques ne sont plus une fin en soi, mais nous les utilisons désormais pour communiquer des histoires et des récits”.

Avec la fusion de la lumière et du son pour créer un langage abstrait, PLAYMODES cherche à mettre en évidence la limite de nos perceptions; non pas pour remplacer la réalité, mais pour l’augmenter, en créant une seconde peau qui enveloppe l’espace physique et réel. L’une des dernières œuvres de ces quatre créateurs contemporains est Formes, une collaboration avec le quatuor à cordes Brossa, qui a interprète des partitions graphiques basées sur des algorithmes.

FORMS – String Quartet from Playmodes Studio on Vimeo.

Txema Seglers

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