Yerri-Gaspar Hummel Kaspar

Disques 09.09.2021

Kaspar est un album réjouissant, qui offre à l’auditeur une plongée archéologique, rafraichissante et érudite, sans didactisme, dans tout ce que les musiques électroniques ont pu amener de meilleur au cours d’une histoire de quatre-vingts ans.

Avec une oreille sensible, un amour flagrant pour les sons en tout genre, un souci de la narration, une passion pour le sampling, la synthèse et les boucles, et surtout une maîtrise parfaite des langages électroniques, Yérri-Gaspar Hummel tient fermement la barre et guide nos oreilles afin de fendre les ondes multiples et colorées de ces treize pistes, toutes très typées.

Leurs sonorités parfois désuètes nous enchantent, à l’exemple des « Phases » (1) et déphasages qui ouvrent le disque, comme si le Steve Reich des œuvres séminales rencontrait les premiers sillons fermés de Pierre Schaeffer dans un musée d’antiquités « concrètes », mais sans aucune poussière ni toile d’araignée superflue ; ou au travers des boucles de synthèse analogique qui tournoient gaiement dans « Toupies » (2) ; ou encore plongés dans les engrenages envoûtants qui fondent la mécanique de « R.aube » (3). Les cordophones samplés de « Lueur » semblent inventer un nouveau folklore sur lutherie virtuelle (4), quand « Japash » (6) propose une nouvelle vocalité et « FeuXL » une sorte d’étude sur la percussion. Il y a encore la longue méditation et la spirale ascendante de « Feux » (7), partant du crachotement du vinyle pour se déployer en trames toutes de grésillements ou de sifflements ; et puis la surprenante polyrythmie chaloupé de « Sofa » (10), aux sonorités presque trance. Les trois dernières pistes sont l’objet de déploiements électroacoustiques plus longs et structurés : « Fragment » (11), quand la matière sonore se met à vivre d’elle-même et à proliférer ; « (F)ragile territories » (12), un parcours ferroviaire ethnographique au parfum de field recording, dans le digne sillage de Luc Ferrari ; et puis « Check point » (13) et ses procédés de traitement informatique très soignés, plus actuels : fin du voyage, tout le monde descend…

Des saveurs de musique concrète, de musiques répétitives, de drone music, de musique industrielle, de noise, de paysages sonores, de techno et d’ambient parcourent l’ensemble du disque, qui porte néanmoins la signature évidente d’une belle et sincère personnalité musicale.

Morceaux choisis :

Découvrez le disque sur kaspar-music. com

Guillaume Kosmicki

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