Petit pays discret, lové entre la turbulente Colombie et l’immense Pérou, l’Equateur se targue pourtant – et ses musiciens, amateurs comme professionnels, ne manquent pas une occasion de le rappeler -, d’une diversité musicale aussi riche que chez ses voisins : les musiques créoles de la région de la Esmeralda, au Nord, à la frontière colombienne ; les rythmes et chants des profondeurs de la “Silva”, l’Amazonie ; le folklore des hauts plateaux andins, sur la cordillère centrale ; la musique et les danses de la côte, de San Lorenzo à Guayaquil.
Si les musiques traditionnelles occupent une place centrale sur la scène artistique et dans l’enseignement musical, les musiques expérimentales ne sont pas en reste avec une scène électro jeune, engagée et effervescente qui a, depuis 2006, son rendez-vous annuel, reconnu dans tout le continent sud-américain et la sphère latino ; cette année le tapis rouge est déroulé sous les pieds des artistes équatoriens, mais aussi des musiciens et performers qui viennent du Mexique, de Porto Rico, du Brésil, du Chili, d’Argentine, du Paraguay…
Car le Rotofest est un pionnier en Équateur. C’est le point de convergence, en juillet, des musiciens électro et des artistes qui embrassent la musique, le design et les nouvelles technologies. Cette grand-messe de la scène expérimentale et indépendante équatorienne a lieu à Cuenca, la troisième ville du pays – derrière Quito, la capitale, et Guayaquil, la grande cité portuaire du Sud – et dans plusieurs sites naturels de la région de l’Azuay. Ville à l’architecture coloniale, Cuenca, pôle culturel de premier plan, est d’ailleurs surnommée “l’Athènes de l’Equateur”. Une Athènes qui est tout autant tournée vers le patrimoine (la ville possède l’un des quatre grands orchestres symphoniques du pays) que vers les musiques d’aujourd’hui et de demain.
Musique électro – une large place est faite aux DJ sets -, mais aussi nouvelle comédie-musicale, danse électronique et musique indépendante avec, chaque année, plusieurs concerts de rock. Ce festival unique en son genre en Équateur prend ainsi le pouls du panorama de la culture électronique, des musiques expérimentales et de la création numérique. L’événement est, qui plus est, largement soutenu par le ministère de la Culture. Un soutien public qui ne va pas de soi en Équateur…
Pandémie oblige, l’édition 2021 n’a pas connu la fièvre habituelle : les DJ sets, filmés sans public, étaient retransmis sur internet. Un festival virtuel intitulé, pour l’occasion, “Timeless edition”, qui était réparti sur deux week-ends (17 et 18, puis 24 et 25 juillet).
Le Rotofest, qui a fêté sa 15e édition cet été, s’affirme désormais comme un incontournable dans le grand circuit international des festivals de musiques électroniques et expérimentales. Un rendez-vous sud-américain qui est d’ailleurs de plus en plus prisé des artistes du monde entier. En 2022, le festival équatorien accueillera notamment la DJ australienne Marlie, et le DJ allemand Mathias Kaden.
Retrouvez les temps forts des éditions précédentes sur la page Soundcloud du Rotofest !
Suzanne Gervais en Equateur