La belle idée ! Invitée début 2020 de la galerie genevoise Le Labo pour un projet baptisé Waiting Room, l’artiste suisse Nathalie Rebholz a voulu réfléchir à cette notion de salle d’attente, à une façon d’occuper l’espace d’art pendant les moments de battement entre les expositions. C’était sans compter sur le confinement, qui a rebattu les cartes du projet.
Ni une, ni deux, l’artiste genevoise, spécialiste des arts visuels et numériques, a eu l’idée, pour répondre à la situation chaotique de la pandémie, d’une nouvelle plateforme en ligne, au look pop et acidulé, avec des couleurs qui évoluent suivant le parcours et qui bougent pendant l’écoute, une plateforme qui rassemble des œuvres sonores originales proposant une nouvelle forme de médiation sonore. Et le nom choisi en dit long sur l’esprit résolument vivant et joyeux de ce projet qui privilégie l’audio au visuel : Joyfully Waiting ! Une chambre pleine de sons et de surprises, en bazar de préférence, un objet musical non identifié qui vaut le détour.
Nathalie Rebholz est donc devenue curatrice et invite d’autres artistes, issus de différents pays, à réaliser des capsules sonores diverses et variées : carte blanche ! Ces miniatures vont de la lecture de textes, de sessions de médiation guidée à des morceaux tantôt piquants, ironiques, tantôt hypnotiques et planants, certains proposant même… une session de hatha yoga ! Autant de contributions singulières, aux titres intriguants – « Fuck the world i’m staying in my bed drinking hot chocolate with ice » -, qui sont postées toutes les semaines et qui font de Joyfully Waiting une étonnante boîte à musique numérique.
Parmi les dernières livraisons, « Neither ou Nor Either », morceau ironique à souhait de la compositrice italienne Elena Radice, pour le collectif Real Madrid, boucle sonore envoûtante et entêtante qui s’inspire de… la sonnerie d’appel Skype, mais transcrite et chantée par une chorale numérique à cinq voix.
Autre découverte, le jeune artiste chinois Galaxia Wang, confiné en Australie pendant l’année 2020, où il a découvert l’étonnant oiseau-lyre, capable, mieux encore que le perroquet, d’imiter les bruits et les voix humaines… Un animal qu’elle paraphrase dans une série de dix miniatures musicales..
Espace d’échappées musicales et de détours sonores, Joyfully Waiting permet ainsi que se manifeste une vie artistique foisonnante et ébouriffante, en dépit des restrictions. A consommer sans modération, écouteurs dans les oreilles de préférence !
Suzanne Gervais