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Éditer des partitions contemporaines pour les petits, c’est le défi que s’est lancé Mômeludies, maison d’édition indépendante née en 1985 et basée à Lyon. Mômeludies s’est démarquée et a gagné le respect des musiciens en éditant des pièces de compositeurs et compositrices d’aujourd’hui, destinées aux élèves débutants.
Une aventure indépendante
Ce n’est pas un hasard si cette maison d’édition est née dans la foulée du Centre de formation des musiciens intervenants (CFMI) de Lyon ! Les musiciens intervenants, appelés dumistes, sont spécialistes des interventions en milieu scolaire. « On manquait cruellement de partitions pour faire pratiquer la musique d’aujourd’hui dans les écoles », raconte Gérard Authelain, cofondateur des CFMI à l’initiative de l’aventure Mômeludies. Aujourd’hui, le catalogue de cet éditeur indépendant et associatif avoisine les 260 pièces écrites spécialement pour les enfants, de la maternelle au collège.
Une collection dédiée aux musiques contemporaines
Parmi les différentes collections proposées par l’éditeur, l’une d’elles, la collection « Musemporaines », est tout à fait originale puisqu’il s’agit de pièces commandées à des compositeurs et compositrices. « Toutes ces commandes nous ont permis de créer un corpus de pièces adaptées aux plus jeunes musiciens, des partitions méritent d’entrer dans le répertoire. », poursuit Gérard Authelain. Jean-Christophe Rosaz, Michèle Reverdy, Alain Savouret, Alexandros Markeas, Claire Renard, Alain Pistre, Robert Pascal… Ce ne sont que quelques-uns des noms des compositrices et compositeurs qui ont écrit pour Mômeludies.
L’une des difficultés, et non des moindres, est de proposer des morceaux adaptés aux petits, qui ne sont pas encore lecteurs de la musique. La plupart des partitions sont ainsi destinées aux professeurs pour une transmission orale, mais certaines pièces sont écrites dans un langage adapté aux petits : « Plusieurs de nos compositeurs proposent une écriture ludique de leur musique, loin du solfège traditionnel, sous forme de graphismes colorés, avec des lignes, des flèches… », explique Gérard Authelain.
Chez Mômeludies, la diversité des répertoires et des esthétiques fait partie de la philosophie de la maison. « Nous entendons « musiques contemporaines » dans un sens large et surtout au pluriel : une musique qui s’écrit dans les esthétiques les plus diverses, y compris les musiques qui font appel à de l’électronique et aux nouvelles technologies, insiste Gérard Authelain. Il faut que les jeunes oreilles se frottent à des langages différents : modal, atonal, spectral, mais aussi les musiques du monde ! »
Une communauté de passionnés
En 35 ans d’existence, Mômeludies a fédéré une véritable communauté, sur tout le territoire français : les recueils Mômeludies sont désormais connus de tous les dumistes, qui ont à un moment ou un autre ont eu l’occasion de faire jouer des pièces aux enfants dont ils assurent l’éducation musicale. A Villefranche sur Saône, les dumistes (reliés au conservatoire) ont organisé pendant des années des Mômeludies, remplissant le théâtre municipal des parents attendant cette manifestation annuelle. Aujourd’hui, ce dispositif existe toujours, mais l’accent est mis sur les créations, qui sont ensuite inscrites au catalogue Mômeludies.
Certains établissements accueillent des petits festivals Mômeludies, qui durent deux à trois jours : les enfants des écoles élémentaires et du conservatoire de la ville y participent avec leurs professeurs. Malgré la construction d’une communauté fière de défendre les musiques d’aujourd’hui pour les enfants, la conjoncture, difficile pour le monde de l’édition, pèse particulièrement sur une petite maison indépendante, dont l’ADN est de passer des commandes. « On en passe hélas de moins en moins car budget de l’Etat est peau de chagrin et nous manquons de soutien », regrette Gérard Authelain. L’éditeur a donc plus que jamais besoin du soutien des musiciens.
Propos recueillis par Suzanne Gervais